Confronté à Cécile, pratiquement le sosie de sa fille
suicidée, André Martin, flic anonyme, apprend à jouer
avec le feu de la mémoire. Cherchant avant tout sa
présence, il prolonge les interrogatoires de la jeune
femme, laquelle trouve en lui le confident dont elle
avait besoin. Tandis qu'elle lui détaille l'affaire à
laquelle elle est mêlée, le policier plonge dans
l'amertume du deuil inachevé de sa fille, seul espace
où il parvient à se sentir humain.
Un jeu sans joie s'installe entre eux. Martin s'en
délecte, s'en saoule jusqu'à souffrir, dix ans plus tard,
d'une gueule de bois meurtrière.
Michèle Lesbre excelle à rendre la grisaille des
existences comme la gaieté brûlante d'un regard, mais
plus encore à démonter les dérèglements de chacun,
les petites folies qui font tous les jours les grands
drames. Que la nuit demeure résonne de la "petite
musique" si particulière qu'elle a su faire entendre
dans le tintamarre du polar français.