Mary MacLane a dix-neuf ans quand elle publie en 1902 son premier livre, Que le diable m'emporte, un journal intime tenu sur trois mois. OEuvre anticonformiste à la liberté souveraine, ces confessions aussi sulfureuses que courageuses firent sensation à l'époque, puisque cent mille exemplaires se sont vendus dès le premier mois de leur publication. Mary MacLane y décrit l'ennui et les aspirations à contre-courant d'une jeune fille de Butte, petite ville minière du Montana. Tour à tour drôle, poétique et sensuelle, elle y fait étalage de ses fantasmes et proclame son génie tout en défendant des idées philosophiques scandaleuses. Que le diable m'emporte est ici traduit en français pour la première fois.
Et donc vous voici en possession de mon Portrait.
C'est l'enregistrement de trois mois de Néant. Ces trois mois ressemblent trait pour trait aux trois mois qui les ont précédés, certes, et aux trois mois qui les ont suivis - et à tous les mois qui sont nés et morts avec moi, depuis la nuit des temps.
Il n'y a jamais rien de différent ; jamais rien ne se produit. Maintenant je vais envoyer mon Portrait au vaste monde avisé. Peut-être ne dépassera-t-il pas l'éditeur ; ou peut-être sortira-t-il mort-né de chez l'imprimeur ; ou peut-être poursuivra-t-il sa route, et sera-t-il l'auteur de sa propre chute.
C'est selon.
Je vais l'envoyer. Quoi d'autre m'attend, sinon ce livre ?
Eh oh, faites que quelqu'un le comprenne !