Que peut (malgré tout) L'art ?
En instaurant ainsi du « chaos dans l'ordre », selon la formule de Theodor W. Adorno, l'art ouvre des brèches et nous précipite au coeur de passages inattendus, nous incitant à explorer des vides susceptibles d'être comblés et à expérimenter de fulgurants décalages. L'engagement artistique ne consiste pas à asséner une éclatante vérité, ou à décliner en images, en mots et en sons démonstratifs, un programme politique.
Pour Ernst Bloch, bricolant des « images-souhaits », l'art est « la négation déterminée de ce qui suscite sans cesse le contraire de la chose possible qu'on espère ». Dès lors, l'art est un appel à l'émergence de ce qui n'est pas encore, stimulant ce que Fredric Jameson nomme un salvateur « élan utopique », ébauchant non l'irréalisable mais l'irréalisé. Si, comme le pense Olivier Neveux dans sa préface, « ce monde est insupportable », alors, « " malgré tout " il n'est d'autre solution que sa révolution et [...] " malgré tout " l'art y peut quelque chose » !