Les chercheurs sont encore loin d'avoir tous pris conscience qe la science n'est pas une activité qui, de sa tour d'ivoire, observerait la société de haut et de loin : elle est inscrite dans l'histoire et la culture de ceux qui la font ; donc aussi, quoi qu'ils en pensent, dans leur langue.
Les chercheurs sont encore loin d'avoir tous pris conscience qe la science n'est pas une activité qui, de sa tour d'ivoire, observerait la société de haut et de loin : elle est inscrite dans l'histoire et la culture de ceux qui la font ; donc aussi, quoi qu'ils en pensent, dans leur langue.
Et pourtant, au niveau planétaire, la production et la circulation des connaissances se font de plus en plus en anglais dans les colloques, banques de données, livres et revues. Ce serait le corollaire onévitable de la nécessaire dimension internationale du travail scientifique. Mais à quel coût, en termes de créativité, d'innovation, de capacité de formation, de diffusion de la culture scientifique et technique dans chaque pays ? Et par quels voies et moyens promouvoir partout le pluralime linguistique dans l'organisation de la science ? De faire, en quelque sorte, comme le Japon, où chercheurs et ingénieurs s'expriment en japonais, ce qui ne leur réussit pas si mal...
Telles étaient quelques unes des questions posées lors du "Forum de la communication scientifique et technique - Quelles langues pour la science ?", organisé à la Cité des sciences et de l'industrie en janvier 19920 à l'initiative du ministère de la Francophonie, et qui a réuni près de 2000 universitaires et chercheurs français et étrangers. En est issu cet ouvrage de synthèse qui reprend la substance des travaux du colloque mais fait également appel à un grand nombre d'autres sources.
Dirigé par Bernard Cassen, professeur à l'université de Paris-VIII et journaliste au Monde diplomatique, cet ouvrage réunit des articles de synthèse de Jean-Loup Motchane, professeur à l'université de Paris-VII, Maurice Ronai, chef de travaux à l'École des hautes études en sciences sociales, Daniel Confland, ingénieur de recherche, Jean-François Dégremont, adjoint au chef du Centre de prospective et d'études (CPE) du ministère de la Recherche et de la Technologie, et Ignacio Ramonet, rédacteur en chef du Monde diplomatique.
Ces "états de l'art" sont complétés par des contributions de personnalités des mondes de la recherche et de la politique : Alain Decaux, ministre de la Francophonie, Hubert Curien, ministre de la Recherche et de la Technologie, Jean-Marie Lehn, prix Nobel, Jacques Ruffié, professeur au Collège de France, Alassane Salif N'Diaye, ministre de la Recherche scientifique et de la Culture de Côte d'Ivoire, Mohamed Larbi Bouguerra, directeur de l'Institut national de recherche scientifique de Tunisie et Pierre Martel, président du Conseil de la langue française du Québec.