La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?
Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.