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Mars 1772. L’innocent M. Thomas, académicien distingué, publie un Essai sur le caractère, les mœurs et l’esprit des femmes qui déclenche chez ses contemporains – notamment chez Diderot et Mme d’Epinay – une vive polémique. La question, en effet, est d’importance : la femme est-elle le produit de son éducation, ou bien est-elle prioritairement façonnée par les lois de la Nature ? Inauguré à l’aube de la Révolution, ce débat entre les points de vue culturaliste et essentialiste a connu la fortune que l’on sait. Il a entraîné dans son sillage une autre interrogation à la pertinence toujours brûlante : la femme est-elle la semblable de l’homme ou reste-t-elle à jamais l’Autre, désirée en même temps que crainte ? Ce recueil reproduit le texte de Thomas et les commentaires qu’en firent Diderot et Mme d’Epinay. Il est précédé d’une longue mise en perspective d’Elisabeth Badinter, qui en analyse les implications et la portée pour les lecteurs d’aujourd’hui.