Voici Claude Ponti rageur, secoueur, poète. Claude Ponti devant la nuit remplie de questions, des plus urgentes du présent, aux plus originelles de l’enfant.
On ne contourne rien, ici, du passé, de l’origine, du sens – et qui fut la première mère, et quel fut le premier nom .
Et si on ouvre grand ces questions, on est vite aussi sur le terrain du risque, avec les superstitions, le vivre ensemble ou la détresse au quotidien, plus la grande moquerie par quoi, finalement, on est capable de tenir et de continuer.
Mais Ponti reste Ponti. C’est la grande obscurité de Rabelais, avec listes et accumulations, avec du rire et de l’obscénité, et tout ce dont nous sommes faits.
C’est cru, c’est violent, c’est résolument "adulte" – mais c’est le même rire et plein de sourire, jusqu’au bout, lorsque Claude Ponti demande, à l’avant-dernière page : "Depuis quand le désespoir est-il habitable ?"
Rarement l’impression, dans ce jeu fou de langue parfois jusqu’à la fusion, d’un texte aussi prodigieux, aussi nécessaire. Une mise à nu, un poème, un cri, tout cela à la fois : et c’est beau comme nous le sommes.
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