"Il y a, chez un grand nombre d'électeurs, un
tel détachement des choses politiques qu'on
pourrait les croire étrangers à leur temps et à leur
pays. Et je ne parle même pas de cette indifférence
ironique ou de cet éloignement attristé qui
peut s'expliquer quelquefois par les déceptions
de l'expérience. Non ; ce n'est pas à des découragements
motivés qu'il faut attribuer le mal
croissant des abstentions ; c'est à une sorte
d'insouciance aveugle, de torpeur morale et de
paresse de volonté. Il est de notre devoir de
secouer cet étrange sommeil des énergies civiques,
et ce ne sont pas seulement les élus, sénateurs,
députés, conseillers généraux, conseillers
municipaux, qui doivent contribuer à cette oeuvre
de résurrection, ce sont tous ceux qui ont le souci
de l'avenir de la République et qui pensent qu'un
peuple capable de s'abandonner lui-même se
rendrait indigne de la liberté et serait tôt ou tard
la victime désignée des effrontés et des aventuriers.