Qui doit gouverner ? Cette question, que chacun se pose avant de mettre son bulletin dans l’urne, est aussi celle de la philosophie politique depuis son origine. Le citoyen d’aujourd’hui est ainsi, sans toujours le savoir, l’héritier d’une longue tradition d’hésitation et de perplexité. Est-ce un seul, plusieurs ou tous, qui doivent gouverner ? Et au nom de quoi ? De leur compétence, de leur charisme, de leur sens du service ? Vote-t-on par analyse, par fidélité, par affinité ? Ce livre se propose de faire l’inventaire des grandes réponses qui ont scandé l’histoire de la politique et de la pensée. Elles nous instruisent sur la nature de la démocratie contemporaine et les dilemmes qui la traversent ; car si nous sommes désormais convaincus que c’est le peuple qui doit gouverner, nous sommes encore très loin de savoir ce qu’est le peuple en vérité et quel est le portrait de son meilleur représentant. C’est pourtant là que se trouve la clé du passage à l’âge adulte des démocraties, qui, loin d’être vieilles et fatiguées, comme on le dit parfois, semblent encore trop juvéniles. Peut-être leur faut-il aujourd’hui moins « s’indigner » que prendre la mesure de l’extrême difficulté de l’exercice du pouvoir à l’âge de la mondialisation.