«Qui, si je criais, m'entendrait... ?»
Cette question (lancée par Rilke, en 1910, au début des
Elégies de Duino) pourrait être celle de nombre de
«témoins» du XXe siècle qui ont survécu à des violences
extrêmes, organisées, et s'abattant sur des masses
sans défense.
Certains des rescapés des camps nazis ou staliniens,
de Hiroshima ou Nagasaki, de la terreur khmère rouge,
ont, dans leur recherche d'une écoute, produit des
oeuvres capitales. A un certain nombre de ces oeuvres-témoignages
- celles, entre autres, de Kertész, Nelly
Sachs, Celan ou Sutzkever, de Ghalamov ou Akhmatova,
d'Ibuse ou Tôge, de Rithy Panh - Claude Mouchard s'attache
à offrir une attention qui, précise, historiquement
informée, soit surtout constamment sensible à leur
puissance littéraire, voire poétique.
Une question poético-politique hante ce livre : sous
l'effet de pareilles lectures, qui devenons-nous, et pour
quel avenir ?