Quoi de nouveau sur L'Origine ?
L'Origine du monde est en passe de devenir, au même titre que jadis la Joconde de Léonard, une véritable icône pour l'art contemporain. La pornographie, devenue productrice inflationniste des images du sexe, constitue l'autre versant, non artistique, du stock d'images actuellement disponible. On verra donc bien souvent dans la confrontation, polémique ou non, implicite ou délibérée, de ces deux imaginaires, le lieu incertain dans lequel il conviendra de situer leur pratique. Si l'histoire du tableau de Courbet se confond avec une certaine histoire du regard masculin, histoire dans laquelle, s'il ne la clôt pas, se situe encore Marcel Duchamp, la nouveauté en ce domaine se situerait sans doute dans le renversement opéré par un certain nombre d'artistes femmes dont la démarche vise à l'appropriation, souvent charnelle, d'une représentation issue d'une mise en forme sémiotique de leur propre corps. À travers des oeuvres aussi diverses que celles de Niki de Saint-Phalle, Valie Export, Orlan, Marlene Dumas, Sarah Lucas et tant d'autres, ce qui semble visé dans cet engagement spécifique, c'est soit une mise en question polémique de tout l'agencement classique, pensé comme un dispositif de domination, soit son dépassement dans une autre mise en relation entre le masculin, le féminin, le sexe et l'art.