Au début des années 1990, Studs Terkel interroge ses concitoyens sur une
question qui leur brûle les lèvres : celle de la race. À travers le prisme de récits
et de confessions qui se font écho, du prêtre blanc rebelle à la petite frappe,
du propriétaire d'un pavillon de banlieue à un ex-syndicaliste au chômage,
d'une professeure d'université d'origine cubaine à des couples mixtes, ou
encore du neveu du fondateur de l'Apartheid à la mère d'Emmett Till, dont le
lynchage fut déterminant dans l'essor du mouvement pour les droits civiques,
c'est une société divisée, parcourue de sentiments violents et contradictoires,
qui se donne à voir.
Avec ces entretiens, qui retracent l'évolution de la question raciale aux USA
de l'époque de la ségrégation jusqu'aux régressions sociales des années 1980
et 1990 en passant par les grands mouvements des années 1960, Studs Terkel
nous fait éprouver l'entrelacement des histoires individuelles, des transformations
socio-historiques et des événements politiques qui viennent en bouleverser
le cours et marquer profondément les mémoires.
Ces témoignages, d'une sincérité et d'une force stupéfiantes, dessinent un
portrait des États-Unis d'une remarquable complexité. Mais doit-on s'étonner
de cette complexité s'agissant d'un pays fondé sur l'esclavage, dans lequel
les Noirs étaient il y a peu encore privés de leurs droits civiques, et qui a
aujourd'hui un président noir, sans bien sûr que le racisme y ait disparu ?