Raconter des histoires
Raconter l'histoire
Rien de plus simple, en apparence, que de raconter des histoires. Innombrables sont les récits du monde et on en trouve dans toutes les sociétés, à toutes les époques. S'ils rapportent des histoires inventées et qui ne sont pas vraiment arrivées, ils relèvent de la fiction, contrairement au récit historique qui prétend à la vérité. Mais ce qu'ils ont en commun, c'est l'acte de raconter qui, quelles que soient ses formes, se déroule dans le temps. Et, réciproquement, ce qui se déroule dans le temps peut être raconté. Nos expériences se déroulent dans le temps, mais, pour qu'on le comprenne bien et qu'on le reconnaisse, il faut en faire le récit.
Raconter, c'est mettre en ordre, agencer un ensemble d'éléments : c'est alors que les événements font sens. De même, c'est en se racontant qu'on peut se comprendre individuellement (quand on raconte son histoire) et collectivement (quand les historiens écrivent l'Histoire). Car l'existence humaine est celle d'un être enchevêtré dans des histoires.
Y a-t-il un âge pour philosopher ? Pourquoi « Chouette ! Penser » ? L'emblème de Minerve, déesse romaine de la sagesse, est une chouette. Un oiseau qui ne chante que le soir. La réflexion philosophique est-elle alors une manière d'être qui vient tard, au crépuscule, dans la longue histoire de l'humanité comme dans la vie de chacun d'entre nous ? Nous pensons au contraire que les jeunes peuvent lire et entendre de la philosophie, qu'à leur âge, on est attentif aux questions qui nous permettent de découvrir le monde de la pensée et d'y prendre part. Deux grands philosophes, Platon et Aristote, affirmaient que l'on commence à devenir philosophe à partir du moment où l'on s'étonne devant ce qui est. Or, cet étonnement, ce questionnement devant l'existence des choses du monde, qui, mieux qu'un enfant, en est capable ?