Le 15 août 1947, au moment où l'Inde obtenait son indépendance, l'Asie du Sud donnait naissance à un nouvel État, le Pakistan, disloqué entre l'extrême ouest et l'extrême est du Sous-continent. Cette partition à grande échelle s'accompagna d'un exode massif des deux côtés des nouvelles frontières, donnant lieu entre communautés hindoue, musulmane et sikhe, à des massacres d'une violence inouïe perpétrés par des populations paniquées et désorientées. On parle de près d'un million de morts et de dix à douze millions de personnes déplacées, sans parler des viols, des incendies, des pillages et des dizaines de milliers de femmes kidnappées, qui entachèrent durablement l'histoire du sous-continent indien.
Il ne s'agit pas dans cet ouvrage de s'interroger sur les causes des événements tragiques de la Partition, mais plutôt d'en examiner les conséquences à long terme et de percevoir, à travers la production littéraire et artistique massive qui a suivi les années 1947-1948 et continue à la documenter et à la discuter, l'impact majeur suscité par cette fracture historique, culturelle et sociale. Cet ouvrage, composé d'articles critiques, d'entretiens et de textes littéraires en traductions inédites, propose ainsi d'examiner la Partition comme « paradigme esthétique », en identifiant tant les récurrences de sa représentation, de ses conséquences et de sa mémoire, que la variété des genres et des modes dans laquelle cette mémoire se formule. Enfin, il s'agit d'examiner les enjeux de ces représentations, tant au niveau de la culture qu'au niveau de l'Histoire et de son écriture.
Cet ouvrage, de nature inédite en France, fait écho à de nombreux travaux entrepris ces dernières décennies en Inde et dans les universités anglophones, qui visent à reconstruire l'Histoire de l'Inde au regard d'une histoire sociale et culturelle restée longtemps inexplorée.