Les essais théoriques sur la radio sont peu nombreux. Arnheim s'intéressa très tôt à ce média et rassembla en 1936 ses réflexions dans cet essai paru d'abord en anglais, puis en allemand sous le titre La Radio, un art sonore. S'il ne connut pas la notoriété de l'ouvrage pionnier de l'auteur sur le film (1931), Radio reste un document unique.
Arnheim trouve un heureux équilibre entre les réflexions esthétiques, les impressions d'auditeur et des remarques plus pragmatiques. Il aborde tous les moyens d'expression, de la simple parole à la conception du Hörspiel, en passant par la retransmission musicale. On sent chez Arnheim une fascination pour le monde des bruits innombrables proposés à « l'écoute aveugle ». C'est le plaisir de la matérialité du son qui remonte alors dans la parole rapprochée, ou celui de la « force élémentaire » du sonore.
L'écoute radiophonique telle qu'Arnheim l'aborde illustre de multiples manières le thème plus général d'une dialectique entre écoute et vision qui nous préoccupe toujours. Arnheim esquisse ainsi une esthétique de l'art sonore. Ce qui est défini comme le « tournage sonore », l'utilisation « métaphorique » des bruits et tout un art de la stylisation font naître ce qu'il nomme - bien avant l'invention de la musique concrète - un « cinéma pour l'oreille ».