Aux idéologies de lutte et de transformation sociales ont succédé sur l'avant-scène de la philosophie politique occidentale les pensées positives du droit et de la communication, axées sur les problèmes de régulation et d'intégration sociales. Ce phénomène, qui s'accompagne d'une critique radicale des philosophies modernes du pouvoir et de l'État, est pourtant marqué aussi par un embarras devant la persistance des questions collectives liées à la formation de véritables complexes répressifs postmodernes, tel celui de l'autolégitimation médiatique des grandes instances de régulation sociale (l'État et l'économie). Il semble même que l'occultation de ces questions en lien à la violence sociale et à l'aliénation manifeste plutôt un effacement du thème politique dans la pensée d'aujourd'hui au profit d'une pragmatique générale articulée à une phénoménologie du monde vécu. L'éviction des thèses marxiennes est symptomatique à cet égard. Après avoir pris la mesure de ces impasses, l'auteur tente de renouer avec une pensée de l'action sociale capable de prendre en compte le défi politique que représente l'exercice collectif de la responsabilité, jusqu'en son enracinement dans la genèse singulière de l'engagement personnel pour habiter et préserver un monde commun.