Beyrouth et Aden ont été ravagées par des conflits internes et
externes : la première dans les guerres qui s'y sont succédé
entre 1975 et 1990, la seconde dans la lutte fratricide de 1986,
puis dans l'affrontement entre le Nord et le Sud du Yémen
en 1994. Leur destin, radicalement transformé par la violence
politique et communautaire, illustre de manière exemplaire
le statut de la ville dans l'Orient arabe comme espace disputé.
Les territoires urbains peuvent se changer en véritables champs
de bataille ou faire l'objet de guerres plus silencieuses entre
modes de vie concurrents, ce qui contribue dans les deux cas
à reconfigurer les lieux et les centralités.
Alliant coups de sonde historiques, réflexions théoriques
et expériences du quotidien, Franck Mermier propose de
reconsidérer la notion d'urbanité en la saisissant à travers les
expressions culturelles de la ville. À l'urbain générique il
substitue le citadin avec ses ancrages historiques et sociologiques
différenciés. Ce faisant, il retrace à travers des lieux et
des moments emblématiques son propre itinéraire d'anthropologue.