La journaliste : Je comprends votre surprise. Nous avons tout reproduit, exactement comme chez vous, dans les moindres détails... Allons, allons, mettez-vous à l'aise. Faites comme chez vous.
Dieu : Il manque un clou. Le clou au milieu pour mon sac à outils.
La journaliste : Tout le monde est prêt ?
Keli : A propos des fleurs, madame...
La journaliste : Pardon ?
Keli : Les fleurs se vendent mal, madame.
La journaliste : Oui... et alors ?
Keli : Alors je me suis dit : Keli, tu vas passer à la télé. Quand on veut, on peut. Quand on peut... pourquoi pas ? Surtout que les autres fleuristes m'en veulent. Il y a deux jours, j'ai heurté mon pied droit contre un caillou qui a disparu, vite fait. Ensuite, j'ai ramassé un sachet devant moi...
La journaliste : Tout le monde est prêt ? On commence bientôt.
Keli : Il contenait un morceau de peau de tortue séchée.
Mama-Keta : ... et des moustaches de chat.
(Dieu sort de la baraque, dépliant une banderole)
Dieu : La banderole de Keli, on peut la mettre là ?
(Dieu et Keli déroulent la banderole : « Chez Keli. Champion fleuriste, toutes catégories »)
Keli : Ah merci ! C'est ce que j'essayais d'expliquer.
Pour des raisons de salubrité publique, le gouvernement a décidé de raser ce qui sert d'habitations à une faune pittoresque de traîne-misère : fouille-poubelles, prostituées, trafiquants en tout genre, petits voleurs... Bref, le royaume de Dieu et de ses amis.
Une journaliste veut créer l'événement en réalisant, dans le cadre de son émission télévisée « Récupérations », une séquence « choc » laissant une large place au spectaculaire.
Elle n'hésite pas à reconstituer « Du côté de chez Dieu » en studio dans les moindres détails et à y convier les futurs expulsés pour les répétitions d'abord, pour l'émission en direct ensuite.
Un décor si vrai que les invités finiront par oublier la caméra... jusqu'à l'annonce de l'arrivée des bulldozers.