Cet ouvrage n'est pas une biographie, car il n'a aucune prétention à couvrir le récit de toute une vie, ni même d'une partie de celle-ci. Ce ne sont pas non plus des « maximes », sentences suggérées par les événements d'une existence digne de remarques. Encore moins s'agit-il de préceptes philosophiques généralisant une expérience. Et pourtant, il s'agit de faits historiques, mais prélevés sur un certain domaine limité, les trente, ou environ, premières années d'une vie humaine, à l'intérieur d'un cadre : la vie intellectuelle du sujet, et qui plus est par le sujet lui-même. On peut parler d'une ego-histoire de l'intellectualité, prise sur le premier fragment de la vie concerné, de la naissance à l'abandon définitif du marxisme.
Il y sera donc question du milieu d'enfance, de la famille et du lycée, puis des études et des expériences offertes à l'adolescent par la vie et les associations de jeunes, brochant sur la formation intellectuelle supérieure, ouvrant sur la Résistance, la Libération, l'agrégation, la vie militante au milieu des premiers enseignements, l'adhésion au parti communiste, puis l'abandon de ce parti, pour construire une vie personnelle et une action bien réglée. Tout cela, rassemblé sous le regard d'un homme de quatre-vingt-treize ans, l'auteur, forme une unité qu'on a crue digne de l'attention du lecteur.