Regards géopolitiques sur les frontières
Au croisement du réel et de l'imaginaire, la frontière se prête à une approche interdisciplinaire. Née de l'esprit des hommes et de leur volonté de catégoriser le monde pour mieux le comprendre et le contrôler, ils l'ont parfois inscrite dans la nature et ils ont plié l'histoire pour venir légitimer ce qui n'est qu'une naturalisation. Tous ces efforts font que la frontière inspire toutes les représentations à la fois liées à la contrainte, à la protection, au rêve ou à la transgression. Et c'est bien autour des limites qu'apparaissent les marges, leurs incertitudes et leurs innovations, tant sociales que spatiales. Ainsi observée, la frontière est un thème fédérateur pour les sciences humaines et sociales, et un sujet privilégié pour une nouvelle géographie du sensible qui se nourrirait autant du terrain que de sa métaphore.
Après Tropisme des frontières, ce second volume réunit des articles qui traitent l'objet d'étude avec la distance qui s'impose dans le monde du XXIe siècle, désormais considéré comme « sans frontières ».
En faisant varier les éclairages, les différents auteurs montrent d'abord en quoi les frontières peuvent être mouvantes, soit au fil du mouvement de la houle, soit en développant des tensions destructrices. D'autres parlent ensuite de ces frontières impossibles à dessiner, soit parce qu'elles n'existent que dans les esprits, soit au contraire parce qu'elles n'existent pas dans les esprits. Cette apparente contradiction sert de transition pour sortir de la géographie classique et entrer dans une géographie prenant en compte l'imaginaire pour laquelle les frontières et leurs transgressions deviennent un champ d'inspiration illimité.