Il s'agit ici d'un essai et non d'un traité - d'un essai hétérogène et dont on ne voit pas comment il pourrait être « achevé ».
Un fil conducteur : le temps, ou plutôt la diversité des régimes de temporalité, qu'il s'agisse de l'histoire globale, de celle des individus, de la possibilité de dire le temps ou de le manifester dans telle ou telle forme de récit, sans oublier que les temps de la lecture ou plutôt de la compréhension responsive ne sont pas dictés par le temps de l'écrit. Ici diversité des temporalités renvoie à diversité des styles, styles de vie. styles d'écriture, styles de réflexion, comme à l'impossibilité de se rapporter au « temps tout seul », à l'obligation de s'interroger sur « temps et... ».
Un second fil conducteur : la contingence et l'hétérogénéité. Ne pensant pas pouvoir écrire du « point de vue de Sirius », l'auteur est allé à l'extrême opposé : raconter dans des pages de journal le cours de « ce qui lui passe par la tête » comme revenir sur son passé d'adolescent. En même temps que d'autres chapitres s'organisent soit autour de la lecture de quelques récits de vie, autobiographies, romans ou nouvelles, entre autres de Svetlana Alexievitch. Carson McCullers, Julien Gracq, Cesare Pavese ou Edith Wharton, soit de quelques philosophes, Martin Buber, Emmanuel Levinas, Maurice Merleau-Ponty. Ainsi qu'un commentaire plus long sur l'oeuvre de Christa Wolf, où s'entremêlent récits et réflexions tant sur l'histoire et la mort de la RDA que sur son propre devenir. Mais qu'il s'agisse de « narrateurs » ou de « philosophes », aucun principe ne peut justifier les présences pas plus que les absences.
Un troisième fil : il s'agit, sur l'ensemble des auteurs évoqués, d'un dialogue, de remarques, non d'une lecture savante, encore moins exhaustive. Avec toujours, manifeste ou à l'arrière-fond, une question, elle aussi sans réponse définitive (on s'en doute) : Que deviennent les « choses de la vie » quand elles sont dites, puis lues ?