Ce premier volume d'une trilogie sur l'idolâtrie et le judéo-christianisme réévalue de fond en comble le phénomène religieux et ses effets dans le champ de la littérature et de la politique. A partir de l'oubli auquel la critique contemporaine a soumis la critique biblique des idoles, Alexandre Leupin démontre le retour de la passion idolâtre et ses funestes conséquences dans le champ du politique. La chanson de Roland, soumise ici à une interprétation détaillée qui la renouvelle, sert de paradigme pour démontrer comment une nation se constitue à partir d'une fiction, d'un dire inaugural qui gomme la disparate de ses éléments premiers pour fabriquer l'unité d'un état moderne.
Passer d'un ordre politique à un autre, c'est faire permuter des fictions : il n'est de communauté que quand elle se dit à elle-même et aux autres. Mais ces fictions ne sont ni des mensonges (elles se concrétisent dans l'histoire), ni des innocences (elles provoquent toujours un immense bain de sang). La Terreur, au XIe siècle comme en 1792, en Allemagne comme au Cambodge ou au Rwanda, apparaît comme le forceps inévitable qui accouche des sociétés. Le hurlement des victimes innocentes, la Bible y a dès toujours répondu ; mais nous n'en voulons rien savoir, et nous revenons toujours à nos holocaustes, pour offrir aux idoles de l'Etat, de la tribu, de l'ethnie leur sanguinaire dîme.
Il nous faut changer.
Ce premier volet sera suivi d'un second tome, consacré à la sexualité dans son rapport à l'idole. Un troisième volume, Phallophanies, la chair et le sacré, aux Editions du Regard, examine le hiatus entre l'art païen de l'Antiquité et l'art chrétien.