Une terre au centre du monde et l'homme au centre de l'univers : représentation de l'époque médiévale religieuse encore trop attachée à ses traditions écrites, antiques et fausses. Mais, heureusement « Copernic vint » et sa « révolution » sonna le début de la science... Telle est la vulgate moderne de l'histoire des sciences.
Cependant, l'examen minutieux de l'oeuvre majeure de Copernic (« Des révolutions des orbes célestes ») ne révèle peut-être pas une rupture aussi franche par rapport à celles de ses prédécesseurs. Copernic, tout en travaillant sur les « représentations astronomiques », reste un homme de son temps appréhendant la nature selon des schèmes d'interprétation hérités des Grecs (notamment néoplatoniciens) et de ses contemporains. Il ouvre néanmoins, c'est ce qu'il importe de comprendre, un espace des possibles vers une voie nouvelle.
C'est en s'appuyant justement sur cet espace des possibles, mais en en rejetant les cadres métaphysiques et théologiques anciens que Galilée a ensuite construit notre monde. Celui d'une nouvelle conception mécanisée et technique de la nature qui rompt radicalement avec l'oeuvre de Copernic mais en s'en nourrissant.
Pour retrouver les éléments d'un processus historique plus complexe qu'il n'apparaissait au regard des analyses classiques, il
était nécessaire de se replonger dans les écrits de Copernic et de ses contemporains. C'est le sens de la relecture de « Des révolutions des orbes célestes » par Michel Blay, relecture qui permet de restituer le cheminement intellectuel de l'astronome polonais.