René Girard (1923-2015) est un théoricien littéraire et un anthropologue de renommée internationale. Sa carrière s'est déroulée entre la France et les États-Unis, qu'il a rejoints en 1947, après l'effondrement de son pays et la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Figure majeure du XXe siècle, il laisse une oeuvre considérable. Mais la vie de ce penseur unique restait à écrire.
Cette biographie suit le parcours personnel, mais aussi les articles et les livres d'un écrivain qui voulut révéler la vérité de la littérature et la violence des institutions humaines. Mettant au jour ces deux refus d'entendre que sont le « désir mimétique » d'un côté, le « mécanisme du bouc émissaire » de l'autre, il a fait résonner autrement la parole qui parle dans la Bible et dans les Évangiles.
Mais René Girard a aussi été le passeur injustement oublié des ténors de la pensée française qu'il a introduits aux États-Unis et avec qui il a su dialoguer en profondeur : Roland Barthes, Jacques Derrida, Michel Foucault, Lucien Goldmann, Jacques Lacan ou Jean-Pierre Vernant, sans oublier les figures essentielles que furent pour lui Claude Lévi-Strauss et Jean-Paul Sartre.
Fruit d'une longue recherche, avec René Girard lui-même, sa famille et ses amis proches, éclairée de témoignages brossant le portrait d'un séducteur qui aurait pu être marchand d'art à New York, d'un existentialiste converti à trente-cinq ans sur la route de Philadelphie ou de l'introducteur malgré lui de la French Theory, cette biographie intellectuelle s'appuie sur de nombreux textes inédits et une riche correspondance. Elle se lit comme le roman d'un siècle de bruit et de fureur.