« Il faut sortir l'Afrique du ghetto intellectuel dans lequel on l'a trop souvent enfermée. » Alain Supiot, professeur émerite au Collège de France
À l’heure d’une crise de la globalisation marchande, la fiction d’un travail-marchandise véhiculée par les pays industrialisés dès le XIX siècle gagne à être interrogée par les savoirs et les cultures jusqu’alors disqualifiés. En Afrique, si la tendance est à l’uniformisation du droit du travail portée par des firmes multinationales et des législations influencées par le néolibéralisme, Ousmane Oumarou Sidibé appelle à repenser le statut du travail à l’aune des sociétés dans lesquelles il s’inscrit. Sans idéaliser les systèmes normatifs hérités de la tradition, il donne à concevoir autrement que par le biais d’un modèle occidental, qui les a longtemps réduits à l’archaïsme, le « travail informel », les savoirs empiriques ou encore les solidarités traditionnelles. En invitant à mieux comprendre les spécificités de la culture juridique africaine, l’auteur ouvre la voie à un statut du travail effectif, vers plus de justice sociale. Parce qu'il rompt avec l'unilatéralisme, ce livre s'inscrit dans une réflexion générale sur le statut du travail dans nos vies et rappelle l'existence d'autres modes de relations professionnelles et de conceptions de l'entreprise, là où le management néolibéral tend à privilégier la productivité et la rentabilité.