Qu’est-ce qui conduit une journaliste à choisir la guerre comme terrain de travail ? Être reportère de conflits armés, c’est à la fois s’engager, rejoindre un collectif professionnel (une « amitié dentifrice », disait Isabel Ellsen), mais aussi connaître l’ennui, voir la violence, risquer des blessures, un « jeu personnel avec la mort » témoignait Brigitte Friang. L’ouvrage se penche sur cette activité pour comprendre comment elle est vécue, quels bénéfices en sont tirés, quels dommages en découlent, comment les proches y contribuent. Il montre comment les situations de tension extrême construisent un attachement particulier au monde, un goût singulier. Il interroge aussi la place grandissante des journalistes femmes, le rôle des ressources de genre et des assignations dans cette transformation, les inégalités persistantes. Ce livre emprunte un chemin original pour répondre à ces questions. L’auteur propose d’abord quinze portraits subjectifs et exploratoires de femmes (Andrée Viollis, Gerda Taro, Oriana Fallaci, Christine Spengler, Catherine Jentile...) qui, depuis un siècle, ont couvert des conflits armés. Ensuite, à travers l’analyse des carrières et des entretiens avec une cinquantaine de journalistes, femmes et hommes, qui exercent ou ont exercé sur des terrains de conflit, ainsi qu’une dizaine de leurs proches, il interroge les circonstances et les intérêts pour un métier où désormais, dans la plus jeune génération, la parité des effectifs s’établit.