Les signes actuels d'éclatement du lien social invitent à s'interroger sur le moment fondateur de la tradition républicaine nationale. Que recouvrent en France, au moment où elles passent au creuset de la révolution, les notions classiques de patrie et de république? Sur quelles traditions civiques, éthiques et esthétiques s'est fondé le projet d'émancipation des Lumières? Comment s'actualisent dans la langue politique des droits de l'homme et du citoyen les catégories constitutives du républicanisme et des théories pratiques de la liberté? Sur quelles normes construire une société où chaque individu puisse trouver sa place et où tous les citoyens se sentent solidaires? En 1789, la révolution du journal et l'extension sans précédent de l'espace public offrent aux citoyens des formes d'expression et d'action inédites, créatrices de reconnaissance sociale et de libre adhésion à la république. L'analyse du discours patriotique au coeur de l'événement restitue les rythmes et les pulsions d'une révolution qui invente à mesure les institutions et les valeurs sur lesquelles fonder son projet démocratique. La résonance des textes républicains et des mythes héroïques néo-romains témoigne d'un héritage symbolique de longue haleine, qui permet de comprendre sur quels arguments les révolutionnaires se réapproprient le langage du républicanisme sur le principe de l'égalité des droits. De la radicalité du discours anti-tyrannique au ralliement des coeurs dans le culte des héros, la rhétorique classique inspire l'aspiration à la liberté et la défense de la patrie. Sans minimiser la spécificité de l'histoire nationale, ce livre replace les pratiques culturelles de la Révolution française dans la trace séculaire des théories républicaines de la liberté.