Républiques en armes questionne un récit officiel, celui de la
naissance des nations hispano-américaines. Car les républiques
de Colombie et du Venezuela ne procèdent ni d'un
protonationalisme ancien, ni d'une rivalité entre «Créoles» d'Amérique et
«Espagnols» européens. Il est, à l'origine, la conséquence de
l'effondrement inattendu de la Monarchie hispanique après l'invasion de
la péninsule Ibérique par Napoléon en 1808.
Nourri par des recherches dans les archives colombiennes, espagnoles
et vénézuéliennes et à travers l'étude prosopographique de plus de
3 800 soldats, l'ouvrage décrit les changements sociopolitiques de
l'institution militaire. Les milices inexpertes de 1810 cèdent la place aux
guérillas puis à la grande armée libératrice - l'Ejército Libertador de
Simón Bolívar. Victorieuses à Boyacá, Carabobo, Pichincha, Junín et
Ayacucho, les légions bolivariennes arrachèrent les indépendances du
Venezuela, de la Colombie, du Panama, de l'Equateur, du Pérou et de la
Bolivie actuels.
Dans la construction des nations, les troupes patriotes devinrent les
piliers du projet révolutionnaire des élites libérales. Vecteurs des valeurs
politiques modernes, les forces armées en vinrent à constituer la matrice
d'un Peuple «régénéré». Elles servirent alors de base symbolique,
politique et sociale à la souveraineté des nouveaux États indépendants.
Républiques en armes aborde les origines d'une histoire dramatiquement
ouverte et propose une réflexion sur l'origine des systèmes politiques et
des identités nationales du Venezuela et de la Colombie.