La première version du fameux Sonnet en or-ix, le plus mystérieux et jusqu'ici indéchiffré poème de Mallarmé (le ptyx..), est intitulée « Sonnet allégorique de lui-même ». D'où le jeu littéraire de le déchiffrer... comme une allégorie. C'est la première partie de cet essai. Cette allégorie se révèle très précise. Et si c'est bien une allégorie « de ce poème-ci », ne serait-ce pas une allégorie de la poésie en général ?
Après enquête, il se révèle que cette allégorie vaut pour une grande partie de l'oeuvre de Mallarmé, y compris « Un coup de dés jamais n'abolira le hasard », mais pas toute. De même, le lecteur pourra-t-il vérifier qu'elle éclaire certains des plus célèbres poèmes de la littérature (de Hugo à Aragon), mais pas tous : c'est une allégorie de ce que c'est qu'écrire un poème, du rapport de la poésie à l'univers et à sa splendeur mortelle. L'auteur fait même une incursion dans la poésie anglaise en prenant pour test le « Prufrock » de TS Eliot.
La grande étude d'Alain Lipietz permet d'en finir avec la vision d'un Mallarmé « qui n'aurait scruté d'autre horizon que celui du langage ». Mallarmé a quelque chose à dire, il parle aux femmes et aux hommes de notre temps et, même si l'auteur a de fortes réticences envers son élitisme, il tient son message pour essentiel.
Un ouvrage, à bien des égards surprenant, d'un auteur qui est mieux connu pour son travail d'économiste et son engagement politique parmi les écologistes, mais pour qui la réflexion sur la littérature et la poésie est essentielle. Il avait d'ailleurs publié il y a plusieurs années un essai Phèdre, identification d'un crime.