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«Où sont-elles ? Anna, Mathéa et Marie ?
Où sont mes filles ? La chair de ma chair, le sang de mon sang.
Chaque fois que je pense à elles, je suis mort. Je ne suis même plus
furieux. Je suis mort.
Trop de temps a passé depuis qu'on a traîné mon corps jusque dans
cette carrière. Tant de tempêtes ont balayé ce lieu sans fin, tant de
poussières ont gonflé mes os sans sépulture.
Cela ne veut plus rien dire.
Être mort ne veut plus rien dire.
Être mort n'a de sens que lorsque je pense à elles.
Alors oui, j'ai désespérément disparu. Je peux encore me souvenir du
sourire de Mathéa lorsqu'elle montait à cheval.
Je peux sentir la main d'Anna dans la mienne et entendre les
braillements de Marie dans son berceau, mais je ne pourrais plus
jamais les serrer dans mes bras. Elles me manquent.
Jamais je ne pourrais être en paix.
Pour arriver jusqu'ici, il faut franchir une route défoncée par les pluies
et le passage des camions, traverser un pont en ruines et rouler des
heures loin de toute civilisation. En ce sens, mes assassins ont été
téméraires. Après mon exécution, il leur a fallu me transporter
jusque-là. Il leur a fallu m'éloigner des vivants, me faire disparaître
tout à fait...»
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