Lorsqu'il entendit la porte de la salle de bains se refermer, Paul sauta hors du lit et reprit haleine, profondément, comme s'il avait eu peur jusqu'à cet instant de respirer librement. Depuis dix minutes environ, il feignait de dormir, cachant son visage sous son bras et respirant lentement, suivant un rythme précis, en évitant d'attirer l'attention. Son coeur se mit à battre lorsqu'il sentit la jeune femme sortir du lit : pourrait-il rester seul quelques minutes ? Pendant ces après-midi d'amour, il désirait et attentait la solitude avec une inquiétude morbide ; une minute de liberté lui semblait un bonheur inoui ; il essayait alors de se retrouver, de rêver. Ces minutes de solitude ne ressemblaient à aucunes autres ; elles étaient comme un oasis dans un désert de passion, d'agréable fatigue et d'ardeur inutile.