N'est-il pas étonnant de voir des jeunes qui étaient
pour certains dans une relation d'étrangeté sinon
d'hostilité à l'École, qui avaient rompu avec celle-ci,
jurant - un peu tôt - qu'on ne les y prendrait plus,
revenir aux études, s'y tenir, et obtenir une première
diplomation, faisant de ce retour un retour
(académiquement) gagnant ? L'improbable incarné
constitue une figure stimulante pour le chercheur
à condition toutefois de ne pas céder à l'illusion
héroïque ou à la tentation de l'exception méthodologique
(Dobry). La probabilité d'apparition de
l'improbable n'est pas distribuée au hasard des
appartenances et des conditions sociales et contextuelles.
Pour le dire dans un langage plus familier,
n'importe quoi (d'ordinaire ou d'extraordinaire)
n'arrive pas à n'importe qui, dans n'importe quel
contexte.
L'auteur s'aventure sur les terrains empiriques en
jouant sur le qualitatif et le quantitatif, en se donnant
les moyens d'avoir du qualitatif en quantité.
Il analyse ainsi les récits de parcours de 215 jeunes
(16-30 ans). À bas bruit ou tonitruante, leur sortie
sans diplôme ne scelle pas leur destin scolaire, mais
ouvre une période hors les murs qu'il convient de
caractériser, non de pathologiser en la réduisant à
un ensommeillement de la pensée ou à un comas
intellectuel. Il dévoile les facteurs dispositionnels
et contextuels qui mettent les jeunes sur le chemin
du retour. Avéré, celui-ci ne préjuge pas de la
persévérance scolaire. Aussi étend-il la recherche
aux conditions permettant le maintien. En fait, il
s'agit de ne pas isoler le processus de sortie sans
diplôme des processus de retour et maintien aux
études. Si le premier peut contenir les germes d'une
reprise d'études, les seconds peuvent charrier les
conditions d'une nouvelle interruption.