Le théâtre des Champs-Élysées est le chant du cygne d'une société qui disparaîtra dans le suicide collectif que sera la Première Guerre mondiale.
Comme toute histoire, celle de l'architecture est tributaire des archives, et par chance, celles du théâtre se sont conservées jusqu'à nous, sommeillant dans les lieux les plus improbables.
Deuxième chance, c'est par lettres que l'architecte a fait ses propositions au président de la Société du théâtre et que celui-ci les a acceptées ou en a demandé des modifications. En une centaine de lettres, le lecteur assiste ainsi à l'éclosion du projet Reste à réaliser le chef-d'oeuvre.
Et là, troisième chance, la Société du théâtre a conservé les comptes rendus de ses conseils d'administration et de ses assemblées générales, leur étude permet de comprendre comment l'entrepreneur Gustave Perret s'est immiscé dans l'opération jusqu'à évincer l'architecte Henry Van de Velde.
Dernière chance enfin, ces textes mettent au jour les rivalités au sein du conseil, rivalités qui furent l'une des causes de la mise en liquidation judiciaire de la Société, car les impératifs financiers ne prennent pas en compte la qualité, par essence indicible, d'une salle de spectacle.
Pour notre bonheur, il s'est trouvé un financier, Gabriel Thomas, qui a compris que la naissance d'un chef-d'oeuvre ne pouvait obéir aux règles comptables.
Une belle histoire.