Révolte contre la poésie
Prophète désespéré, fouilleur du néant, de ses violences et de ses dangereuses tentations, naufragé de la vie, Antonin Artaud (1896-1948) n'a plus, quatre ans avant sa mort, que ses mots auxquels se raccrocher, comme à des bouées. Des mots qu'il façonne dans des phrases qu'il maltraite et qui découvrent tout un monde.
Dans Révolte contre la poésie, comme dans la lettre qu'il adresse à son amie Anne Manson en février 1944 - les deux textes publiés dans le présent ouvrage -, Artaud semble à bout : enfermé à l'hôpital psychiatrique de Rodez, où il subit des électrochocs en série, il est seul dans un « face-à-face » insupportable avec son corps, ses démons et ses « viles pensées », contre lesquels il a décidé d'engager un combat pour sauver son âme.