Le jardin... Nous lui devons des souvenirs d'enfance, lumineux ou plus obscurs, toujours placés sous le sceau de la découverte. Certains y coulent une retraite vécue selon le cours d’un temps primordial, détaché des contraintes d’agenda et reconnecté aux cycles mi-réguliers mi-capricieux de la nature. Potager, il est la source d’une part considérable de notre alimentation, et d’agrément, de maintes heures de loisirs ; ainsi se situe-t-il à la base comme au sommet de la pyramide de nos besoins. Il inaugure l’âge d’or de l’humanité, d’avant les châtiments, mais aussi, intimement, de chaque humain en particulier, quand c’était le temps d’y cueillir les roses de la jeunesse. Français, anglais, sumériens, japonais, il est dans toutes les civilisations une forme de naturalité continuée à notre mesure. Quelles que soient ses dimensions, des vastes terrasses d’Hamilcar à la portion d’ombre d’un bonsaï, il représente ce que Foucault appelait une « hétérotopie », un lieu autre, privé ou public, où tous les sentiers qui bifurquent finissent par converger. Dans ce dossier luxuriant, poètes, essayistes, nouvellistes, universitaires, philosophes, se font jardinières et jardiniers, le temps de partager le meilleur de leur culture buissonnière.