Tubulures de l'industrie chimique et grands pylônes électriques, pales de turbines et torchères pétrolières... la grande industrie moderne respire une beauté particulière, inquiétante et fascinante. Peu de peintres pourtant ont travaillé ce motif. Assurément aucun autant que Reynold Arnould (1919-1980). Dans une grande exposition au musée des Arts décoratifs en 1959, il a transfiguré l'industrie moderne dans des toiles d'apparence abstraite mais pourtant très documentées.
Reynold Arnould a dirigé les musées du Havre de 1952 à 1965 et inauguré en 1961 dans cette ville le premier musée de conception moderne en France. En 1965, André Malraux l'appela à la direction des Galeries nationales du Grand-Palais. Mais cette brillante carrière de conservateur ne doit pas occulter son oeuvre picturale, inlassablement poursuivie pendant cinquante ans.
Cet ouvrage se penche sur le thème de l'industrie chez Reynold Arnould, depuis ses portraits d'automobiles de 1955 jusqu'à ses oeuvres murales des années 1960-1970. Une seconde partie éclaire cette peinture par le récit de sa jeunesse dans la France d'avant et d'après-guerre. À travers ce cas singulier : jeune prodige pris en charge par le peintre et écrivain mondain Jacques-Émile Blanche, premier Prix de Rome à vingt ans, professeur de beaux-arts dans une université du Texas de 1949 à 1952, c'est, aussi, un pan d'histoire sociale de la peinture du XXe siècle qui est ainsi mis au jour.