Les tragédies historiques nous disent « les tristes histoires de la mort des rois, comment les uns ont été déposés, d’autres tués à la guerre, d’autres hantés par les spectres de ceux qu’ils avaient déposés... » Richard II est le premier chapitre de cette chronique d’une tribu de personnages qui luttent pour construire le monde, agrippés à leur île sauvage battue par les tourmentes, encore presque déserte. « Ce majestueux trône de rois, cette île couronnée, cette terre sacrée, ce siège de Mars, cet autre Éden, ce presque Paradis » est pour chacun de ces aventuriers l’image du monde ; et eux-mêmes sont à eux-mêmes l’univers, lorsqu’ils découvrent et racontent leurs paysages intérieurs. Chacun chante les terribles tempêtes qu’il voit gronder autour de lui. Ils se regardent, ils s’analysent : ils exhalent un flot d’images crues, somptueuses, sanglantes, extrêmes, faisant affleurer à chaque instant leur destin et leur mort, comme en une vivisection de l’âme.