Une musique et un monde, même, sont morts
avec Richard Strauss (1864-1949). Funeste
destin pour cet homme qui, dès ses vingt ans,
connaîtra les honneurs et, bientôt, les prébendes.
Conformiste et bourgeois à bien des
égards, le compositeur fut un temps - celui
des poèmes symphoniques, et, surtout, d'Elektra
- un révolutionnaire en musique. Puis,
avec Le Chevalier à la rose et La Femme sans
ombre, l'ex-jeune homme d'avenir se fera le
champion d'une cause perdue : l'héritage. Celui
de Mozart, surtout, et de Wagner aussi. Strauss
ne cessera alors d'explorer ce lieu magique
qu'est le théâtre, le rendant plus intelligible, plus
habitable, plus hospitalier. Hofmannsthal et
Zweig en seront les témoins privilégiés. Une
musique et un monde sont morts avec Strauss,
et pourtant son oeuvre, qui sait bien qu'elle
n'aura pas de suite, est plus vivante en nous
que celles qui sont venues depuis et qui s'imaginent
qu'elles commencent quelque chose.