RICHELIEU ET LA LORRAINE
La politique mise en uvre par Richelieu à l'égard de la Lorraine répond à deux préoccupations constantes : empêcher l'invasion du royaume de France par ses limites orientales ; se ménager un accès au Rhin pour intervenir dans le Saint-Empire romain germanique. Les rapports entretenus par Louis XIII et le duc Charles IV de Lorraine s'inscrivent dans le conflit séculaire opposant le Roi très chrétien à la famille de Habsbourg. Les duchés de Lorraine et de Bar, tout autant que les Trois Évêchés de Metz, Toul et Verdun se situent au cur de la lutte menée par le souverain Bourbon contre l'hégémonie à laquelle prétendent l'empereur Ferdinand II et le roi d'Espagne Philippe IV. Les principautés lorraines constituent une zone géographique essentielle dans la guerre de Trente ans. Bien que le danger de la Monarchie universelle semble écarté, Richelieu, tout au long de son ministère, tente de sécuriser la Lorraine, en imposant à Charles IV l'autorité française. Le roi de France entre en lutte armée contre le duc de Lorraine. Il soumet ses États à la tutelle du parlement de Metz, du conseil souverain de Nancy, des bailliages et des intendants français. Il s'oppose farouchement au rapprochement dynastique opéré par le duc d'Orléans, héritier du trône jusqu'en 1638, avec la princesse Marguerite de Lorraine. Dans la lignée du XVIe siècle, Richelieu engage d'importantes études juridiques et historiographiques visant à établir la souveraineté française en Lorraine, à en prouver la légitimité et à réduire à néant les prétentions de Charles IV. Mais si les traités de Westphalie rattachent définitivement les Trois Évêchés à la France, les duchés de Lorraine et de Bar demeurent, quant à eux, envers et contre tous, indépendants jusqu'au XVIIIe siècle. Richelieu a trouvé en Charles IV un adversaire beaucoup plus habile qu'il ne l'avait imaginé.