John Pomfret est na homme d'âge mûr dont la fille, Mary, a tout le charme d'une «débutante». Jane Weatherby est une veuve encore jeune et jolie dont le fils, Philip, vient d'atteindre sa majorité. L'amitié qui unit Pomfret et Jane Weatherby a eu autrefois un caractère plus tendre, au point que les enfants peuvent craindre d'être frère et sœur, Rassurés sur ce point, Mary et Philip décident de se marier : ils annoncent leurs fiançailles au cours d'une grande réception donnée par Jane pour l'anniversaire de son fils. Encouragés par l'exemple des enfants, les parents, qui n'ont pas gardé mauvais souvenir l'un de l'autre, décident à leur tour de se marier. Cette amusante comédie de caractères et d'intrigue comporte un troisième couple : celui de l'amie de Pomfret et de l'amant de Jane, qui se consolent ensemble.
Ce marivaudage cache en vérité une satire impitoyable de la riche bourgeoisie anglaise. Les parents, que leur fortune a isolés dans un monde de fêtes et de plaisirs, sont inconscients. Les enfants, désespérés. Les générations se dressent l'une contre l'autre. «On devrait tous les liquider», affirme le fils de la joyeuse veuve. «Ils n'ont rien trouvé d'autre que de se battre pendant deux guerres et ils sont pourris jusqu'à la moelle.» Mais quel reproche toucherait ces êtres légers et vains, dont l'inconscience désarme ?
On retrouve dans Rien (Nothing) l'humour amer d'Henry Green, son don d'observation, la vérité cruelle des dialogues de ses personnages, qui faisaient déjà tout le prix d'Amour (Loving).