Rimbaud le voyou fut du vivant de Benjamin Fondane et
demeure après sa mort son livre le plus lu.
Dans cet essai polémique, il dénonce les tentatives de récupération
du poète des Illuminations tant par les surréalistes
que par des écrivains catholiques. Pour lui, si Rimbaud
atteint au mythe, c'est paradoxalement parce que son
oeuvre paraît trancher de tout son éclat le noeud gordien
qui lie la création artistique à la vie. Conjointement à sa
lecture du philosophe Léon Chestov, Fondane dans son
essai en sonde la portée éminemment existentielle. La thèse
du «voyou» met en tension le «tempérament métaphysique»
de Rimbaud, sa soif d'absolu, sa «gourmandise», et
la valeur programmatique de la «Lettre du Voyant», qui
revient selon Fondane à tricher en s'emparant «de
l'Inconnu par un coup de force».