La conversion des pays communistes à l'économie de marché a précipité la disparition de l'horizon révolutionnaire qui avait nourri en Occident deux cents ans de vie politique. La vertueuse Terreur de Robespierre est remisée aujourd'hui, aux côtés de la dictature du prolétariat, au cimetière des paradigmes monstrueux d'une époque révolue.
Faut-il toutefois se résoudre à ce que la démocratie ne soit qu'une collection d'individus, unis par les seules valeurs marchandes ? La capacité de prendre des décisions collectives pour infléchir le cours des choses a-t-elle été anéantie avec la foi dans la Vérité, qu'incarna un temps Robespierre « l'Incorruptible » ?
Ce sont ces contradictions de la démocratie moderne, égarée entre rêve de pureté et volonté d'ordre, entre volonté d'efficacité et tentation d'exclusion, qu'explore Slavoj (...)i(...)ek dans ce texte sur la « violence divine » de la Révolution. Et le paradoxe qu'il défend ici, avec ce sens de l'analogie qui l'a rendu célèbre, c'est qu'il appartient peut-être au solitaire Robespierre de réapprendre au citoyen désabusé d'aujourd'hui les vertus de la décision et de la responsabilité collectives.