Nick Drake, Robert Wyatt, Alex Chilton, Peter Hammill, Captain Beefheart, Can, Sonic Youth, ont rarement (ou jamais) fait les couvertures de magazines. Ils comptent pourtant parmi les artistes les plus cités par d'autres artistes mieux exposés, quand ceux-ci ont le souci de la reconnaissance. Chacun d'entre eux a inventé une manière d'être, un certain usage de la liberté qui, heureusement, a fait école. Originales sans avoir jamais cherché à être bizarres, les personnalités auxquelles ce livre rend un juste hommage ont su convaincre d'autres isolés que le seul travail valable d'une vie était de ne ressembler à personne d'autre. Voici donc une autre histoire du rock, celle des chemins de traverse.
L'histoire officielle du rock a toujours préféré les postures à la sincérité. C'est ainsi que sont célébrés les musiciens à fort potentiel commercial au détriment des découvreurs de sons, aventuriers fragiles et amateurs d'embardées telluriques. La mise en perspective qu'autorise le recul du temps nous permet de relativiser cette évidence. La marge est aussi essentielle que le centre. Les 140 albums présents dans cette anthologie en donnent la preuve éclatante. Ils sont à considérer comme autant de manifestes à l'essence du rock et de la pop : « Il vaut mieux brûler que rouiller », comme l'affirme si bien Neil Young. L'approche alphabétique crée d'intéressantes rencontres pour aboutir à une histoire de l'underground Rock/Pop, loin des autoroutes mainstream trop souvent empruntées. Il ne faut pas oublier que cette musique s'est aussi construite en dehors des parts de marché de l'industrie du disque.