«Je n'ai jamais rien écrit sur elle. Il n'y a pas d'ombre
maternelle dans mes livres. Rien à dire sur les gens qui nous
ont fait du bien. C'est injuste mais c'est ainsi. Tu comprends
maman ? C'est comme en amour, on aime mieux ceux qui
nous font du chagrin. J'ai trouvé des tas de phrases pour ne
pas t'avouer que tu étais morte. Des tas de phrases en l'air
mais rien d'encre, rien de papier, rien qui fixe comme une
pierre tombale.
Avec ce livre, je me dis que les graves de ta voix vont
revenir et ton visage aussi. Je me dis que ce roman c'est
comme des lunettes et que la vie redeviendra comme avant
quand il sera assez épais pour que je monte dessus et que je
voie toute cette histoire d'en haut avec le grand rire d'une
petite fille de six ans qui a peut-être tout inventé.»