L’argument est le suivant : ce qui se passe autour des Roms n’est pas l’éternel retour d’une haine du nomade, ce n’est pas identique à ce qui se passe autour des immigrés extra-européens, ce n’est pas non plus la simple répétition de ce qu’on a connu sous Sarkozy. Il s’agit ici de race – et non pas simplement de racisme. En effet, parce que les Roms sont (quasi) européens, ils ne peuvent (plus) faire l’objet de discriminations légales. Pour autant, il n’est pas question de les intégrer. En pratique, se met en place aujourd’hui ce qu’on peut appeler « auto-expulsion » : on rend la vie impossible aux Roms pour les dissuader de rester ou de venir. Pour justifier la discrimination, il faut supposer, a priori ou a posteriori, une différence radicale – qui seule autorise ce traitement inhumain. C’est en cela qu’il faut bien parler de race. Reste une question : si le racisme n’est pas la cause, mais l’effet de la politique (autrement dit, si l’on inverse la logique du populisme), pourquoi nos politiques, en particulier de gauche aujourd’hui, réinventent-ils la race – alors même qu’ils se veulent antiracistes ?