On s'accorde à considérer Rotrou comme l'un des quatre grands auteurs dramatiques français du XVIIe siècle, immédiatement après Corneille, Molière et Racine. Ayant commencé sa carrière comme poète à gages du célèbre théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, il a composé une cinquantaine de pièces et en a publié trente-cinq, parmi lesquelles plusieurs chefs-d'œuvre.
Comme il a touché à tous les genres dramatiques, tragi-comédie, tragédie, comédie, comédie bocagère, comme, à l'intérieur même de chacun de ces genres, il a exploré toutes les voies possibles, son œuvre ne se laisse pas facilement réduire.
C'est pourquoi le livre de Jacques Morel s'est imposé depuis plus de trente ans comme la meilleure approche de ce théâtre multiforme. Jacques Morel est parvenu à trouver, si ce n'est une logique fondée sur une esthétique mûrement pesée, du moins des structures communes, des schémas récurrents et des thèmes obsédants, les uns et les autres appuyés sur ce qu'il a appelé une «dramaturgie de l'ambiguïté», formule permettant de rendre compte de la diversité effective et des contradictions apparentes des pièces, mais aussi de découvrir les caractéristiques de l'imagination scénique de l'auteur et de percevoir les significations d'une œuvre qui joue en permanence avec les abîmes de l'illusion.