La rue Daguerre n'est pas une rue comme les autres : pour Pierre,
cet homme «inactuel» qui a tout abandonné, son métier comme
ses ambitions, et qui vit sans projet, elle est le cadre de ses rêveries,
le lieu où son passé vient un jour l'assaillir et un jour le bercer, le
jardin familier où d'autres jardins viennent tour à tour refleurir ou
s'effeuiller...
Au cours de la quête perpétuelle que mène, sans rien espérer, le
héros de ce livre, on rencontre sa passion pour la lecture, ses
interrogations sur la vie et sur le temps, ses pensées et ses bonnes
ou moins bonnes fortunes, mais aussi des écrivains et des ouvrages
connus, des personnages typés comme Jacques, le vagabond, et
Lafite, «le philosophe» ; on y retrouve sans cesse cette déesse
d'autrefois qui revient de temps à autre comme pour dire que la
mémoire n'efface jamais tout à fait de ses tablettes le premier
amour d'une vie...
Rue «toujours recommencée», la rue Daguerre est à la fois le
berceau où se recrée le souvenir et le tombeau où ce souvenir
s'enlise dans la mort.