Rue de la Justice
« « Rue de la Justice », telle fut la dernière adresse d'une de mes arrière-grands-mères dans une petite ville des bords de Loire où elle travaillait sur un bateau-lavoir. Toute sa vie, elle conserva sur sa cheminée une gravure des obsèques nationales de Victor Hugo. Symbole de la confiance en la toute jeune république des "gens d'en bas", de leur soif de progrès, d'instruction et de justice. Tout le monde aujourd'hui se dit républicain mais la république a cessé d'être une promesse. Cette confiance pourrait-elle renaître ? Dans le récent mouvement des Gilets jaunes, il m'a semblé reconnaître le désir de reconnaissance et de dignité de ceux qui m'ont précédée. Faisant retour vers ces anonymes oubliés, émue par leur courage, attentive à leur leçon, j'ai cru pouvoir imaginer des réponses à l'insatisfaction générale et au besoin actuel de refondation. »
Dans ce vivant portrait d'une femme simple et déterminée, Danièle Sallenave fait entendre une conviction tenace : il y a de l'avenir dans ce passé-là.