« Une ruine nouvelle s'offre depuis une trentaine d'années, monumentale à sa manière et proliférante : villes détruites,
murs en lambeaux, usines abandonnées qui ne cessent d'appeler le regard. Étrangement nous voulons toujours les voir, jamais repus de leur fouillis de natures mortes ou de leur austérité massive, jamais lassés malgré la répétition qui les constitue pourtant aujourd'hui en lieu commun. Il faut le reconnaître : la ruine est un objet d'amour. Elle nous tient à la merci de ses
images qui, toujours plus vues et connues, ne perdent en rien de leur pouvoir d'attraction. Cette avidité qui fait que la ruine est
partout et que s'en multiplient les images dans les galeries et sur les écrans, réelles ou fictionnelles, contient une dimension
d'énigme. Quel est cet objet qui, si pauvre et sale et revu soit-il, nous tient ainsi l'oeil en haleine ? Quel est ce désir de ruine ? »