Les romans d'Antoine Volodine et d'Olivier Rolin se
saisissent de l'histoire du XXe siècle pour en méditer le
cours. Hantés par l'échec de l'utopie collectiviste, ils
soulignent avec une ironie mordante l'écart que celle-ci
entretenait avec le réel social. Mais, nostalgiques envers
l'élan du sublime qu'elle inscrivait dans le champ de nos
représentations, ils se désolent des renoncements du
temps présent à l'action collective. Et leur lucidité se
trouble d'une indéfectible mélancolie.
Première étude comparée de deux oeuvres majeures
du panorama littéraire contemporain, cet ouvrage
souligne les paradoxes de la représentation romanesque
de l'utopie dans un monde désenchanté. Résolument
sociocritique, il envisage les rapports que la fiction
littéraire noue avec les représentations idéologiques
et, joignant l'analyse de l'imaginaire social à l'approche
formelle des textes, met en évidence la consignation
douloureuse d'une mémoire du politique.
Quelle pertinence le recours à la littérature peut-il avoir
face aux espoirs et aux errements du XXe siècle ? Telle est
la question majeure de ce livre qui retraverse le champ
des questions esthétiques et les affronte aux mutations
de l'imaginaire politique des sociétés occidentales.